Sainte
À la fenêtre recelant Le santal vieux qui se dédore De sa viole étincelant Jadis avec flûte ou mandore,
Est la Sainte pâle, étalant Le livre vieux qui se déplie Du Magnificat ruisselant Jadis selon vêpre et complie :
À ce vitrage d’ostensoir Que frôle une harpe par l’Ange Formée avec son vol du soir Pour la délicate phalange
Du doigt que, sans le vieux santal Ni le vieux livre, elle balance Sur le plumage instrumental, Musicienne du silence.
Commentaires
- On notera la musicalité des phonèmes se répondant dans ce poème : les sons en -al, les vieux, la viole, le vol, les vèpres et le vitrage, la Sainte répondant au santal, les sons en -age : vitrage, plumage.
- Mallarmé évoque dans ce poème la vision d'un vieux livre, un missel, dans une atmosphère digne des tableaux religieux du Moyen-Age. On retrouve ici un de ses thèmes favoris : la fenêtre et son vitrage.